Arrestation de fraudeurs Ukvois

A l'auberge "Le Sommet d'Avanindra", une troupe de soldats assignés au Service de Répression des Fraudes encadrant des Maîtres Bouddhinstes demandèrent au taulier de les conduire à la chambre des touristes blancs, ce qu'il fit bien évidemment. Les soldats ouvrirent alors la porte et entrèrent d'un pas vifs, leurs vieux cimeterres à la main. Dans la chambre, où un rayon de soleil traversait la poussière omniprésente dans cet air lourd, deux couples d'étrangers blancs se levèrent, effrayés par l'évènement.

- Etrangers, êtes-vous natifs d'Ukvos ? leur demanda un soldat qui semblait être l'officier.

- Mais... oui. Nous sommes Ukvois, et sommes ici en vacances depuis quelques jours, répondit un des hommes dans un mauvais Mnibétain. Que nous voulez-vous ?

- Cela ne vous regarde pas. Zuan, vérifie tout !

Tandis que les touristes regardaient faire, un soldat se mit à retourner toutes leurs affaires. C'est en ouvrant une valise qu'il poussa un cri de joie. En effet, il se trouvait à l'intérieur plusieurs bouteilles de verre, contenant un liquide incolore. "Ukvodka" était inscrit sur l'étiquette. Un Maître Bouddhinste vérifia à son tour le contenu, et se retournant vers l'officier, il acquiesça d'un signe de tête.

- Etrangers, vous êtes en état d'arrestation pour importation frauduleuse de produits intoxiquants.

Les soldats emmenèrent alors de force les touristes, sous leurs cris vain de protestation. Il furent embarqués dans une charrette de police, entourés de barreaux et escortés par des policiers à cheval, se demandant ce qu'il allait leur arriver. Tous les biens des criminels furent également pris par la police.

- Nous te souhaitons une bonne journée frère aubergiste. dit un Maître Bouddhinste avant de monter à son tour dans la carriole, tandis que le propriétaire des lieux se rendait compte qu'il ne percevra jamais la note de la chambre.

Le gouvernement s'empressa de faire connaître ces arrestations dans tout le pays, pouvant user de cette opportunité pour rabaisser encore plus la République Socialiste d'Ukvos. Les rumeurs allaient une nouvelle fois bon train au sujet de ce pays. Partout on racontait "Les Ukvois sont ivres toute la journée !", ou "Les Ukvois n'ont jamais bu d'eau de toute leur vie, et leurs bébés sont abreuvés avec de l'alcool !", ou encore "Il parait que si un Ukvois casse une bouteille d'alcool, il est battu à mort par sa famille !"

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Message d'information du Secrétariat au Royaume et du Secrétariat aux Affaires Religieuses
Service de la Justice Civile et Religieuse

Les personnes nommées Aleks et Tanya Andropovitch ainsi que Sasha et Yulia Ulrimov, de nationalité Ukvoise, seront jugés par un Tribunal Civil et Religieux du Canton de Nidhi à partir du 26 kavita de l'an 2286 qui décidera de leur culpabilité ou de leur innocence pour les faits suivants, ainsi que des châtiments qui leur seront infligés en cas de culpabilité avérée.

- Importation frauduleuse de produits alcoolisés intoxiquants et consommation des dites-produits ;
- Menace pour la nation.

Les Magistrats Bouddhinstes furent rapidement nommés par le Temple, et attendaient la nomination de leur homologues issus de la noblesse, et choisis par le Secrétariat au Royaume. Comme il était d'usage dans ces rares cas où le Tribunal serait Civil et Religieux, deux juges ont été nommés, un noble et un ecclésiastique, chacun étant chargé de donner son verdict dans les délits faisant partie de ses attributions.

A la fin d'une réunion de préparation du procés, deux Maîtres Bouddhinstes nommés magistrats discutaient tout en marchant dans une rue d'Ajita.

- Frère, je trouve inconcevable que des hommes puissent avaler un tel produit. Le goût est atroce, et ses effets font qu'on perd le contrôle de soi, comme si on devenait une autre personne, agressif et titubant.

- Assurément. Son Eminence le Namdak a bien fait d'enfin légiférer pour interdire ces... ces menaces, car oui ce sont bien des menaces pour les hommes. Ils rompent l'équilibre essentiel du corps et de l'esprit.

- Sans oublier les effets nocifs sur la santé.

Tandis qu'ils conversaient, le soir tombait et chacun dut rentrer dans les quartiers résidentiels de son temple, attendant l'écoulement fatidique des trois jours avant le début du procés.

La première séance du procés, sans doute la seule étant donné la justice souvent expéditive du Mnibet, allait bientôt commencer dans l'unique Tribunal d'Ajita qui ne soit pas à ciel ouvert. Une estrade avait été montée et des tables furent placées afin d'accueillir les magistrats et les jurés, nobles ainsi qu'ecclésiastiques, composant ce Tribunal Civil et Religieux. La populace mnibétaine composait le public, afin que ce procès soit montré en exemple, derrière des barrières, formant une masse devant l'entrée principale de la grande salle, et les gardes empêchaient quiconque de franchir les barrières.

Le juge et les trois jurés du Temple, ces derniers étant plus là pour influencer le jugement et questionner les accusés, prirent alors place à la moitié droite de l'estrade, la moitié gauche étant réservés aux nobles, qui devraient arriver à leur tour.

Dans une petite salle toute proche, séparée du Tribunal par un couloir, les quatre accusés Ukvois présumés coupables étaient sous la vigilance de leurs gardes, les fers aux pieds et vêtus de haillons aux teints gris, seuls vêtements que les prisonniers étaient autorisés à porter.

Le magistrat et les jurés de la noblesse arrivèrent à leur tour dans la salle. Ils saluèrement leurs homologues religieux, qui leur rendirent leur salut. Puis ils s'installèrent et les juges autorisèrent de faire entrer les accusés. Les gardes les firent lever et entrer dans la salle du tribunal. Ils faisaient pâle figure en arrivant au centre de la salle devant les magistrats, sous les cris de la foule que les soldats essayaient de calmer.

Le Juge Civil les observa avec un regard presque haineux. Une des femmes se mit à pleurer, tandis que son mari essayait de la consoler tant bien que mal malgré la fatalité de ce qui pouvait leur arriver. Le Magistrat prit la parole :

Sieurs, Eminences, je déclare la séance ouverte. Messieurs et mesdames Aleks et Tanya Andropovitch, Sasha et Yulia Ulrimov, vous êtes accusés par un Tribunal Civil et Religieux, représentant la Justice de l'Etat et du Temple, des chefs d'accusation suivants : importation frauduleuse de produits alcoolisés intoxiquants et consommation des dits-produits, ainsi que menace pour la nation, de par la première accusation et votre appartenance à la République Socialiste d'Ukvos. Reconnaissez-vous la légitimité de ces accusations ? Qu'avez-vous à dire pour votre défense ?

Noble Nombre de messages : 14 Date d'inscription : 25/02/2007

Puis ce fut au tour des Ukvois de prendre la parole.

Quatre gardes les poussèrent au milieu de la pièce. Quatre Ukvois agenouillés face à leurs juges.

Les deux femmes sanglotaient, l'une contre l'autre, tandis que les deux hommes, visages crispés, serraient les poings.
L'un des hommes prit la parole : " C'est une honte ! Une infâmie ! Nous sommes parfaitement innocents des crimes qui nous sont reprochés."

L'autre renchérit, aggravant son cas : " Parfaitement, nous sommes venus pour une simple visite et nous n'avions pas d'alcool. Personnellement, je n'en ai jamais bu de ma vie !"
Malheureusement pour lui, son visage rougeaud, ses mains tremblantes et son rictus haineux certifiaient le contraire.
" C'est une machination pour nous perdre ! Quelqu'un a mis ces bouteilles dans nos bagages !"

Les juges impassibles ordonnèrent que la parole soit donnée aux femmes. L'une d'elle, la plus âgée, prit la parole tandis que sa compagne, entre deux sanglots, hochait vigoureusement la tête.
" J'vous promets Vot'Seigneurie, on était pas au courant. C'est eux qu'ont apporté les bouteilles, j'en suis sûre ! Tout ça, c'est d'leur faute ! Toutes façons, j'avais bien dit qu'on aurait jamais du venir !"

L'un des hommes fit mine de se jeter sur sa compagne pour la faire taire, et les gardes durent les séparer.
Sans le savoir, leurs mensonges et cette dernière démonstration de violence venait de les condamner définitivement dans l'esprit des jurés.

Les juges, les jurés,des gardes jusqu'au public, tous furent stupéfiés de les entendre tenir de tels propos. Tandis que deux nobles souriaient de la bêtise des accusés et du grotesque de leur défense, un religieux murmura à un autre qu'ils essayaient peut-être de se faire passer pour fous.

Durant quelques secondes après la fin de la pathétique plaidoirie, les juges ne poursuivirent pas. Ils semblaient comme las, abasourdi par la défense exécrable, et avaient presque pitié des Ukvois. Mais enfin le Juge du Temple prit la parole :

- Sera rajouté aux chefs d'accusation "mensonges visant à discréditer l'efficacité de la police du Royaume". Il a été prouvé que l'alcool vous appartenait, et l'officier de police ayant mené vos arrestations peut aisément témoigner sur ce fait. Et sans preuves de votre part pouvant assurer que vous ignoriez la présence de ces bouteilles, votre objection est considérée comme nulle.

- De plus ! s'exclama soudainement un juré tout en demanda la permission de donner son opinion, ce qui lui fut accordé. De plus disais-je donc précédemment, étant donné vos liens conjugaux, ainsi que le fait que vous vous trouviez, lors de votre arrivée et tout au long votre séjour comme l'aubergiste l'a signalé à la police dans une déposition, dans tous les cas la sentence s'appliquera à vous quatre.

Un religieux à l'âge vénérable, semblant fatigué de la vie derrière une épaisse barbe blanche, poursuivit lentement, en s'arrêtant à de nombreuses reprise afin de reprendre son souffle :

- Leur défense, ou plutôt... ce qui ressemble à une défense, a un résultat parfaitement antagoniste à l'objectif recherché... Je suis assuré de l'inutilité... de la poursuite de la séance, et du procès... Cela est inutile, il va de soi que tout est joué... Et ces personnes... n'ont pas la capacité intellectuelle pour sauver... ce qui peut être sauvé...

Tandis que les magistrats religieux s'exprimaient, un juré civil d'un âge avancé s'était endormi, et les deux autres, d'une vingtaine d'année chacun, faisaient des paris sur le nombre de membres qui seront amputés aux accusés. Frappant un grand coup sur la table, le Juge Civil calma les jeunots, qui se redressèrent subitement. Le Juge leur demanda ce qu'ils pensaient des opinions des autres jurés, et ceux-ci se contentèrent d'acquiescer. Puis, les deux hauts magistrats s'entretinrent en murmurant pour se mettre d'accord, avant que l'un d'eux ne déclare officiellement le rendu du jugement.

- Sieurs et Eminences jurés, messieurs et mesdames les accusés, au Nom de l'Etat et du Temple, par les pouvoirs qui nous sont octroyés, nous avons décidé de votre sentence.

Le désespoir pouvait se lire dans les yeux des quatres Ukvois. Les femmes se remirent à pleurer encore plus fort, tandis que les deux hommes se disputaient, se rejettant la faute l'un sur l'autre.

- Vous serez condamnés au cangue sur la place publique devant ce Tribunal, et ce durant deux lunes.

Les accusés se sentir soulagés, pensant que la sentence aurait pu être bien pire. Mais leur apaisement fut de courte durée.

- Puis, un bourreau vous coupera la langue à chacun pour avoir menti effrontément. Suite à cela, vous serez renvoyés dans votre pays d'origine.

Les Ukvois furent comme statufiés par ces dernières paroles qui résonnèrent dans leurs pensées. Ils n'arrivaient pas à y croire. Après quelques instants sans un mots, presque prostrés, ils hurlèrent, insultèrent à tour de bras, puis furent emmenés de force par les gardes. Tandis que les magistrats sortaient de la salle, les condamnés furent conduits à l'extérieur où les cangues les attendaient. Affaiblis partant d'émotion et par ces journées de cachots, ils ne se défendaient même plus. Les gardes mirent sans difficultés leurs têtes dans les planches, puis les accrochèrent solidement de quelques clous.

Deux mois durant, les Ukvois seront livrés à la vindicte populaire, à la honte publique, surveillés par des gardes se relayant ils n'auront pour survivre qu'une maigre soupe, ou parfois de la nourriture offerte par de généreux passants, attendant avec fatalité leur ultime châtiment.

Arrestation de fraudeurs Ukvois Cangueve2

Clergé Nombre de messages : 14 Date d'inscription : 26/01/2007

Un vieux misanthrope aux pieds nus passa par là, aprés avoir pris l'air en parcourant les presque deux cents kilomètres qui le séparaient de son ermitage montagneux à la capitale. Déçu, furieux, de voir que la société n'avait pas encore inventé la théière qui ne coule pas, il visitait la ville et tomba sur les suppliciés. Il s'exclama alors, parlant à lui-même, les yeux vers le ciel, sous les regards surpris des personnes présentes.

Préférable ce cangue autour du cou il est, que la pluie d'Indra aussi éphémère, comparé à cet autre carcan mental dans ses innombrables mâchoires boisées serrant la conscience conformiste de cette société de la bêtise !

Puis il poursuivit son chemin en maugréant dans sa barbe, qu'il n'avait pas.

Il restait désormais presque une semaine aux Ukvois avant de subir leur dernière condamnation. Il le savait bien, les gardes leur répétaient sans cesse. Sans doute par sadisme, torturant moralement leurs détenus, ces infâmes fraudeurs, ces alcooliques dangereux, comme il était de mise de penser. Ils n'avaient connaissance d'aucun essai de transaction des autorités de leur pays pour les extrader, qui en effet s'était montré absent... Ils se sentaient bien seuls, abandonnés, bien que de nombreux petites gens et religieux venaient les réconforter, leur procurant de quoi survivre pour les uns, s'asseyant amicalement à leurs côtés pour les autres.

Le moment fatidique, tant redouté, était désormais arrivé. après deux mois de calvaire, oubliés par leur patrie, visiblement affaiblis et amaigris malgré les aides nombreuses de l'un ou l'autre quidam de bonne volonté, vint leur ultime châtiment. Il fut appliqué là où ils avaient, si longtemps, été maintenus en captivité. Un magistrat du Temple, accompagné du bourreau et de témoins, fit détacher le matin du soixante et unième jour les quatre captif. Il leur fit la lecture du douloureux jugement rendu par le Temple, leur rappelant leurs fautes, le verdict, la peine...

- Qu'on les saisisse et les prépare !

Les gardes s'emparèrent aussitôt des Ukvois, qui vainement tentèrent de se débattre, du peu de forces qu'il leur restait. Plus par réflexe que par espoir, ils en appelaient à la pitié. "Bourreau, accomplis ta tâche et qu'elle soit exemplaire !" ordonna le magistrat pour toute réponse, sous les regards des curieux.

C'est munit d'une tenaille acérée qu'il s'approcha du premier homme, médusé par ce funeste sort qui arrivait, inexorablement. D'un coup sec, la langue du malheureux fut tranchée. Se tordant de douleur dans des cris rauques, il se recroquevilla en se saisissant la bouche avec ses mains, vite ensanglantées. Trois fois encore se répéta la sentence, puis ce fut deux couples de kala puys sur le point de s'évanouir que des religieux venaient soigner, tandis que le magistrat rentrait au tribunal.

Quelques jours durant seront-ils soignés par ces bozus dont la bienveillance faisait contraste avec le dure répression qu'ils eurent à subir, avant d'être renvoyés en dehors des frontières, libres. Libres de porter le poids de leur fautes.

C'est ainsi que fut accomplie la sévère Justice mnibétaine, dont furent victimes d'infâmes fraudeurs, délaissés par leurs pays où les vices de l'alcool perdent un peuple dirigé par des rustres sans foi, sans scrupules, coupables de l'audac d'avoir bafoué un peuple et un Royaume.

» Arrestation d'un profanateur
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