Pèlerinage d'Indra

Bien vite, les habituels sujets de conversations des Mnibétains furent détrônés par les préparatifs du prochain pèlerinage, durant lequel les fidèles devront réaliser les rites essentiels, pendant les dix jours que dure le pèlerinage. Prés de 250 000 fidèles sont attendus, venant souvent du micromonde entier, et la plupart sont déjà partis de chez eux depuis des jours, voir des semaines, en caravane tirée par des Yacks ou à pied pour les plus modestes.

Petit à petit, on pouvait voir dans les rues les pèlerins, reconnaissables à leurs attitudes humbles et toujours aimables et à leurs pagnes ou tuniques blanches et faits d'un unique tissu. L'atmosphère était joyeuse, fraternel, et amicale comme il devait l'être. Il ne restait plus que cinq jours avant le début du second pèlerinage de l'année. Les Bozus du Grand Temple Nyima, aidés par les pèlerins, s'acharnaient à nettoyer et décorer de rigzins le Temple Reliquaire, veillant à nettoyer le passage aux alentours, ou déblayant les chemins parfois boueux menant au mont Phuntsok.

Les pèlerins étaient de plus en plus nombreux dans les rues et, comme à chaque fois, l'ont vit pousser comme un faubourg autour de la capitale, fait des caravanes dépliées en tentes, et de grandes yourtes. Dans les campements des pèlerins, les préceptes bouddhinstes y étaient appliquées par chacun, l'esprit choedaariste était omniprésent, faisant de ces lieux un hâvre de paix, de partage et d'ouverture, où les paysans cotoyaient les nobles devant une tasse de thé.

Les rues de la capitale voyaient passer des foules de pèlerins, bien que dans la ville ils étaient bien moins nombreux qu'aux alentours du mont Phuntsok, où des dizaines de milliers de fidèles priaient en coeur, premier rite du pèlerins, et ce durant deux jours, deux jours de prières et de recueillement fervents. Quelques centaines de pèlerins, ayant commencé dés les premières heures du mois d'Indra, se trouvaient déjà au Temple Reliquaire où des cercles humains s'étaient formés, devant tourner par trois fois autour de l'édifice, et les quartiers environnants vibraient au chant "La Mort est une halte, la Vie est la route vers l'Eveil", scandé par les bouddhinstes.

Sur ordre direct de Sa Majesté, influencé par Son Epouse, des soldats avaient été chargés de distribuer aux Ajitans de la nourriture, surtout du riz en provenance de Rusham, ainsi que diverses céréales et du thé, mais également un peu de viande, réservée bien évidemment aux personnes ne faisant pas le pèlerinage. On pouvait voir les gens s'agglutiner à certains carrefours où avaient lieux les distributions par les soldats débordés aux mnibétains heureux de ce don, qui purent aller se rassasier plus qu'à leur habitude, en priant pour l'Outamaraya et Son Epouse avant de manger.

Des caravanes escortés par des soldats partirent également de la ville pour que les vivres soient transmises aux autres grandes villes du Canton, et aux patrouilles de soldats, chargés eux de distribuer la nourriture dans des plus petits villages éloignés, perdus dans les montagnes.

Depuis plusieurs jours, des pèlerins innombrables se regroupaient assis à terre, par milliers, voir par dizaines de milliers, devant la gigantesque place faisant face au Grand Temple. Ils étaient venus pour voir apparaître le Namdak, d'un balcon, d'une fenêtre, ou même en haut des marches menant à l'édifice titanesque. Trois fois par jour, à l'aube, à midi ainsi qu'au crépuscule, le chef du Temple, énième réincarnation de Lama Choedaar le Maître parmi les Maîtres, sortait du bâtiment pour que les fidèles puissentle voir, au moins une fois dans leurs vie, comme le veux ce rituel du pèlerinage. A chaque venue du Trés Sage, tous disaient en coeur : "Sagesse parmi les sagesses, Savoir parmi les savoirs, Humble parmi les humbles, Harmonie des harmonies, je me présente à toi". Et ceci par trois fois, avant que le Vénérable ne reparte.

Le dernier jour de la décade du pèlerinage, la ville et sa périphérie commençait à retrouver son activité normale. Les pèlerins repartaient, heureux d'avoir pu accomplir avec ferveur leurs rites. Pour la plupart, ce fut l'unique occasion de leur vie. Les tentes disparaissaient, et des centaines de caravanes partaient sur les grandes routes nationales récemment rénovées. Une nouvelle fois encore, le bouddhinsme connue une période de paix fervente, d'amour universel, durant laquelle les mnibétains, ainsi que les fidèles étrangers, purent honorer Dieu et la parole de Lama Choedaar.