Ressortissants belondaures

Suite au décret de Sa Majesté du 8 Kamal, des enquêtes furent menées sur une partie du territoire, le plus urbanisé, afin de retrouver les citoyens belondaures en séjour au Mnibet. Les patrouilles avaient pour mission de contrôler les papiers de tous les individus kala-puys. Petit à petit, avec toutefois la difficulté due à l'isolement de nombreuses régions -seules les villes étaient véritablement contrôlées-, une grande proportion des belondaures furent retrouvés, environ six centaines. Ceux-ci furent gardés sous contrôle de la police jusqu'à ce que l'enquête à leur sujet puisse vérifier s'ils représentaient bel et bien une menace.

A l'heure actuelle, tous les belondaures contrôlés furent relâchés avec un nouveau permis de séjour, ceux-ci étant pour la plupart des fidèles bouddhinstes en pèlerinage spirituel, voire de simples touristes.

Finalement, aprés bien des heures, des jours pour certains, d'attente et de frustration, tous les belondaures présents au Mnibet et arrêtés furent relâchés. Avertis par des journaux de presse de leur pays, transmis avec bien du retard par des marchands ambulants revenant de l'étranger, des initiatives de l'Empire du Belondor pour les évacuer, quatre cent soixante dix-huit ressortissants firent leurs bagages et partirent en exode, dans des caravanes achetées sur place rapidement, vers l'extrême-sud du pays, à la frontière entre le Canton de Daksha et la théocratie du Lépal, à travers les reliefs montagneux du Mnibet, jusqu'aux basses forêts verdoyantes du Daksha.

[Affaire à suivre plus tard au Lépal.
La balle est désormais dans le camp du Belondor.]

De nombreux retardataires s'empressaient de rejoindre leurs compatriotes pour quitter le pays. Retrouvés ou relâchés plus tard, certains étaient trés tendus et ignoraient totalement l'opinion de l'Etat ou des populations au sujet de leur présence, mais nombre d'entre eux étaient confiants, et voyaient leur évacuation comme la chance de pouvoir retourner au pays à moindre coûts...

Etait-ce la tension ou la folie qui poussa un belondaure à agir de la sorte ? Qu'importe fut la raison, car ce trentenaire bedonnant en vacances commis ce jour-là dans les locaux de la police une bien grave erreur. Pensant, à tort, qu'il resterait enfermé dans les geôles Mnibétaines, Sieur Antonen Clavius à sa sortie des geôles fut pris d'une rage folle et frappa les agents pour tenter de s'échapper. Le bougre inconscient était bien peu sportif et, heureusement pour lui, fut rapidement maîtrisé et rejeté en prison. Il se rendit compte de la stupidité de sa conduite, attendant que les autorités préparent son jugement, tandis que ses compatriotes partaient sans même savoir ce qui lui était arrivé...

Il fallu une semaine aux Belondaures pour rejoindre la frontière sud, mais en voilà déjà trois qu'ils attendaient le forces d'évacuation. Par chance la région du sud de Mongsho-sha était hospitalière en ce début de nalini, tout autant que la plupart des autochtones, leur accordant le droit de se servir en eau dans le puits du village, et leur échangent de la nourriture contre des biens étranges venus de l'Empire lointain, comme ces vêtements si légers et fins, ces chapeaux amusants, et ces chausses si confortables... Mais le temps passait et les belondaures ne voyaient nul véhicule de leur pays venir à leur aide.

Pendant ce temps, Antonen Clavius avait été jugé par un Tribunal composé de nobles. Un jugement bien expéditif pour ce présumé coupable de violence à l'encontre d'un soldat du Royaume. Deux semaines déjà. Deux semaines qu'il subissait le calvaire du cangue en place publique. Bienheureux qu'il ne fut pas amputé de la main ayant frappé les agents. Venus seul visiter le pays, célibataire, il ne comptait guère sur une aide extérieure pour avertir l'Empire. Mais un belondaure attendant l'aide de l'Empire, qu'il avait connu par hasard dans une auberge, se rendit compte qu'il n'était pas là, malgré sa volonté de quitter le pays comme il lui avait affirmé auparavant.

Nombre de Mnibétains fonctionnaires à la magistrature pensaient que l'Empire du Belondor allait agir de la même façon que la République Ukvoise en son temps, laissant croupir un citoyen en terre étrangère, soumis à la dure Justice mnibétaine... Les ressortissants coincés à la frontière désespéraient. Ils avaient peur de la franchir d'eux-même et sans véhicules rapides, craignant d'être pris par les soldats en patrouille le long de ces reliefs encore montagneux.