Patrouilles à la frontière

Non loin de la frontière entre le Bhantou et le Mnibet, grossièrement délimitée par quelques cols enneigés et par des crêtes montagneuses perpétuellement sous les vents glaciaux, les patrouilles des soldats de Sa Majesté l'Outamaraya s'intensifiaient, car les substances toxiques en provenance du pays voisin, telles l'opium, passaient de plus en plus depuis quelques temps par contrebande vers le Mnibet, Royaume où le Temple les interdit sévèrement.

La protection des frontières les plus difficiles était réservée aux soldats punis par leurs supérieurs pour des délits commis en service, comme le vol ou les violences, car ce travail était si éprouvant qu'il suffisait à calmer les plus récalcitrants. Voir à s'en débarrasser, car le climat et les risques du relief y étaient aussi nocifs que le meilleur des gibets...

Hang-Tse et Ginoï, deux compagnons d'infortune, grelotaient sous leurs épais manteaux en serrant leurs vieux fusils glacés, les lèvres gercées par le givre malgré le mucus nasal qu'ils appliquaient dessus, et tandis qu'ils essayaient tant bien que mal de suivre le reste de la troupe, une dizaine d'homme tout au plus, marchant en file sur une des crêtes privilégiées des contrebandiers.

Noble Nombre de messages : 24 Age : 61 Date d'inscription : 27/06/2007

Le Royaume du Bhantou était désormais une plaque tournante du trafic d'opium et d'alcool interdit dans l'espace Mnibetain. Après des appels de la part des autorités voisines des autres états vassaux du mnibet au Basmasavagar, celui-ci semble ne point s'en préoccuper...le profil des trafiquants n'est plus le même. Le trafiquant "type" n'a plus ces droits, désormais se sont de simples paysans des coins reculés du royaume qui profite. En effet au Bhantou aucune législation claire ne précise l'interdiction de la cultivation de l'opium et sa consommation, la police il faut le dire, ne fait comme s'il elle n'avait rien vu...Le tabac est aussi un marché en plein expansion au Bhantou, les cigarettes artisanales sont très répandus au Bhantou, mais la consommation du tabac et sa cultivation ne sont pas officiellement interdit. Tous ce laxisme permet cependant à beaucoup de paysans de se faire beaucoup d'argent, car en effet du fait de l'interdiction du Tabac et de la drogue ainsi que les alcools interdits sur les terrioires vassaux du mnibet et du mnibet lui-même, les paysans font passer tous cela par contrebande et les revendent cher à leur voisins.

- Regardez là-bas ! cria Hang-Tse à ses camarades. De leur hauteur, ils virent une quinzaine d'hommes marcher au fond de la vallée en ligne espacée, chargés comme des yacks. "Ils vont au Mnibet, ce ne peut être que des contrebandiers ! Et ils sont plus nombreux qu'à l'habitude !" dit l'officier. "Il faut leur couper la route."

La patrouille se plaça du côté de la crête où ils ne pourraient être vus, et c'est à marche-forcée dans l'épaisse neige qu'ils entreprirent de devancer les suspects. "S'il se met à neiger, nous les perdrons..." pensa anxieux l'officier. Il espérait pouvoir arrêter les contrebandiers et leurs charges, recevoir la reconnaissance de ses supérieurs et ainsi avoir une chance d'être muté à un meilleur poste.

Aprés une heure de marche difficile, ils descendirent dans la vallée. A coup sûr, la patrouille devrait être devant les trafiquants. L'officier ordonna la dispersion et que ses hommes soient prêts à ouvrir le feu. Dans la cuvette, ils formèrent un cercle éparse. Ils avaient toutes les chances de leur côté, lorsqu'après une dizaine de minutes d'inquiétudes, des ombres se profilèrent. "Les voilà ! S'ils s'échappent, tuez-les !". Les ombres se rapprochaient, jusqu'à ce que les soldats puissent distinguer ces hommes, lourdement vêtus et chargés. Une grande partie des passeurs était entourée par la patrouille lorsque l'officier se découvrit. Il n'eut le temps de faire une première sommation qu'aussitôt les trafiquants laissèrent choir leurs cargaisons et se dispersèrent. Les coups de feu fusèrent.

...

- Nous en avons eu sept ! Les huit autres ont disparu dans la montagne, dit Ginoï à son supérieur.

- Deux morts, cinq blessés... Laissons-les là, nous ne pouvons ni les soigner, ni les ramener. Ils mourraient lors du voyage de toute façon, affirma l'officier, aussi froid que l'Avanindra.

- Ils y a des dizaines de kilos de tabac et d'opium ! De l'alcool ! C'est une prise énorme ! s'enthousiasma un soldat. Regardez leurs frusques, leurs mains... Ce sont des paysans, pas des bandits.

- Ce sont des paysans devenus bandits. Prenez ce que vous pouvez, il faut rentrer maintenant. répliqua l'officier, tout en prenant au rapport qu'il ferait, et à la récompense qu'il recevrait peut-être.