Kalsang et son maître au Grand Temple

Le khatawa du jeune Kalsang Chungtag, Maître Nakgi Liongye, conduisit son nouveau et ultime disciple au Grand Temple Nyiam. Ils dûrent monter les centaines de marches séparant la place de l'édifice religieux, pour enfin pénétrer au coeur du culte du bouddhinsme. Les moines de tout âges se croisaient en des couloirs décorés ça et là de statues de Choedaar, le Maître parmi les Maîtres, de broderies symbolisant des métaphores philosophiques et autres peintures religieuses.

- Nous voilà arrivés à nos quartiers. Le khatawa ouvrit une porte, et montra des yeux une pièce contenant tout au plus deux couchettes à même le sol, une table basse où été posé une théière dont le contenu était refroidi depuis bien trop longtemps (signe que le khatawa préférait sortir que se terrer en sa demeure), et un autel à la gloire de Choedaar, surmonté d'une statue de granit, on ne peu moins humble. L'ancêtre s'assit.

Un bozu entra presque instantanément, portant dans un plateau une bouse de yack séchée en train de brûler :

- Je dois apporter un foyer plus haut. Je vous ai vu rentrer et je me suis dis que, peut-être, aimeriez-vous faire chauffer du thé ?

- Tu as bien fait frère. répondis le Maître. Le bozu ralluma alors le foyer de la chambre, et s'éclipsa.

- Voici qui nous revigorera aprés cette sortie, dit le Maître à son disciple, tandis que l'infusion chauffait.

Clergé Nombre de messages : 63 Date d'inscription : 23/10/2008

Kalsang ayant suivit son maître dans le Grand Temple fut surpris par les dimensions de l'édifice et aussi par la grandeur spirituelle qui trouva place dans ces enceintes. Le complexe possédait une beauté mais pas une absolutiste et terrestre mais céleste visant plus l'harmonie que la grandeur. Entrant dans la demeure de son maître, il vit que cet homme vivait d'une manière très simple et très peu sédentaire. Il se rendit ainsi compte que cet homme était déjà bien avancé dans la voie du salut.

Quand un bozu arrive et que s'entama la discussion entre son maître et lui, il resta silencieux, observant et écoutant. Il ouvrit la bouche que quand son maître lui parlait du bien que l'infusion leur ferait. Il lui répondit.

-Oui, maître, j'en doute aucun moment surtout que dernièrement l'air devient plus froide et moins plaisante. Il semble que nous nous approchons de l'hiver.

- L'hiver oui, dans la continuité des ans. Il se leva et alluma aux pieds de la statue un bâton d'encens, puis se rassit. Mais sache qu'il n'y a rien de "moins plaisant" en cette nouvelle saison. Il existe une différence, certes, apportant plus d'austérité à la vie. Mais nous nous devons d'apprécier ce changement. La belle saison apporte la nourriture et le bien-être, mais l'hiver force l'homme à résister. Ceci est une bonne chose : l'endurance ainsi apportée rend l'être plus fort, physiquement et spirituellement. Derrière chaque désagrément se cache un avantage : il faut observer et conclure plus en profondeur.

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Le jeune moine écoutant le sage, réfléchit à ses mots. Regardant le bâton d'encens, il tourna son regard vers son maître et lui dit.

-Je pense que demander à l'homme d'apprécier l'hiver est quelque chose de très dur, comment croire que l'homme pourrait l'apprécier après avoir connu des saisons remplit de richesses. Mais j'avoue, maître, que l'hiver est loin d'être mauvais pour l'homme. Je pense même que sans lui, nous aurions jamais apprit à faire des réserves, à prévoir pour le futur et ainsi de penser au lendemain. Sans l'hiver l'homme ne penserait probablement pas à vivre de telle manière qu'il monte dans les cycles, car il n'aurait jamais apprit à voir en avant. Sans l'hiver, peut être que tous ce que nous avons bâtit n'aurait jamais existé et nous vivrions comme les animaux, à l'air libre, mangeant à notre faim sans avoir une notion du temps.

Tombant dans ses réflexions, il ajouta une nouvelle idée, comme s'il tenterait de découvrir la vérité en posant le plus de question que possible pour ainsi augmenter les chances d'une bonne réponse.

-Aussi je pense que c'est dans l'obscurité qu'on voit clairement la lumière, donc que c'est dans des temps plus difficiles que l'âme pure se montre, car quand tout va bien, faire le bien est facile et n'est pas un effort mais quand la vie devient dure, c'est là qu'on voit les vrais cœurs généreux, sincères et fidèles.

Un sourire déplaça les rides de Maître Nakgi Liongye. Il était fier de son disciple, qui comprenait ses leçons à tel point qu'il était capable d'aller plus loin dans la réflexion. Il était rare de voir tant de capacités chez un fils de paysans.

- Tu es trés réceptif, lucide et sagace. Je ne suis pas l'Oracle d'Etat, mais je sens que tu feras de grandes choses, et qu'il te faudra peu de temps pour acquérir une grande sagesse et la connaissance des dogmes de Lama Choedaar notre Maître à tous. La Maîtrise est proche de toi.

Le Maître termina sa tasse de thé, signifiant qu'il souhaitait arrêter là la discution.

- Je suis fatigué désormais. Je vais méditer quelques temps, mais faisons une prière pour achever ces enseignements.

Il croisa les jambes, et disposa autour d'eux des fleurs de mentok qui séchaient dans une jarre.

Par le pouvoir et la vérité de cette pratique,
Puisse tous les êtres jouir du bonheur et des causes du bonheur,
Puisse-t-ils être libres de la souffrance et des causes de la souffrance,
Puisse-t-ils ne jamais être séparés du grand bonheur dénué de souffrance,
Puisse-t-ils demeurer dans la grande équanimité qui
Est libre de toute passion, de toute agressivité et de tout Préjugé.
Par ces mérites, puisse tous les êtres atteindre l’omniscience de l’Éveil.
Et, ayant vaincu l’ennemi, les négativités et l’illusion, être libérés de l’Océan du Samsara.
Agités sans relâche par les vagues de la naissance, de la vieillesse, de la maladie et de la mort.

Il attendit quelques instants, puis repris.

Bien. Mon cher et jeune Kalsang, laisse-moi quelques heures. Peut-être pourrais-tu en profiter pour trouver une tâche à accomplir au sein de notre Grand Temple. Que la raison te guide.

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Kalsang écoutant son maître, fut comblé d'une grande fierté en entendant les louages qu'il énonçait à son encontre. Il l'observa ainsi comme il quitta la discussion et entama une prière dont il se mémorisa le contenu avec la fière attention d'en faire usage plus tard. Sentant que son maître fut fatigué, il écouta sa demande d'un moment de paix et avec une inclinaison quitta sa demeure pour laisser le sage avec lui et le ciel.

Sortant dans l'air libre, il revenait sur l'esplanade qui domina le Grand Temple. Regardant autour de lui il découvrit que cette place fut bien plus peuplé qu'on aurait pu croire au premier regard. Le ciel hivernal permit de jouir d'une parfaite vue et il pu ainsi apercevoiri de nombreux groupes de moines qui se tenaient aux bords de la place, près des façades du Temple ainsi des fois quelques marchands transportant des biens d'un lieu à l'autre car aussi sacré fut ce lieu, ses habitants comme tous les humains furent condamnés à devoir se nourrir.

Un bozu du Grand Temple, à peine plus âgé que Kalsang, montait le gigantesque escalier, chargé de parchemins. Il le vit contempler le spectacle qui s'offrait à lui, et s'approcha :

- Bonjour frère, je me nomme Muntsui, attaché personnel au second bibliothécaire. Te voyant si contemplatif, sans charge apparente, je me suis permis de m'interroger : possèdes-tu un travail en notre Grand Temple ?

En effet, dans la communauté des bozus du Grand Temple Nyima, comme dans toutes les communautés de moines, chaque membre doit recevoir une tâche à accomplir, quelle qu'elle soit.

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Kalsang voyant le bozu de son âge s'approcher de lui et de s'interroger sur sa tâche. Il lui répondit légèrement honteux de ne pas pouvoir le répondre par une réponse positive.

-Malheureusement pas, je suis ici depuis très peu de temps et je n'ai pas encore eu la chance de pouvoir être chargé d'une tâche pour le bien de notre communauté.

- Et bien, répondit son interlocuteur en souriant amicalement, qu'à cela ne tienne ! Quels sont tes compétences ? Sais-tu travailler le bois ou la pierre ? La soie ou les toitures ? Aimes-tu travailler auprès de livres, ou apporter la parole de Choedaar ? J'espère pouvoir t'aider à te trouver une fonction parmi nous, puisses Choedaar me le permettre.

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Klasang profondément honoré de l'intérêt que le bozu le portait, réfléchit un court instant et après avoir penser à ce qui pouvait s'avérer le plus approprié à lui, il lui répondit.

- Pour ma part, je suis maladroit en aucune matière spécifique, mais je dosi avouer mon frère de bien aimer les livres.

- Voilà qui est trés bien ! se réjouit le bozu. Justement, un poste important est accessible : celui de chef bibliothécaire-documentaliste. Si tu cherches un travail avec les ouvrages écrits, il te faut te rendre à la Grand Bibliothèque Royale, au coeur du Grand Temple. J'espère que tu y trouvera ton bonheur, au revoir. Une nouvelle fois trés souriant, le bozu le salua d'une référence, et reprit son chemin.

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