[Culture] Les Jeux au Mnibet

Chapitre I : le Spo-Lo

Le spo-lo serait né vers le dixième siècle ap. L.-C., à une époque où les guerres entre Seigneurs de Guerre étaient courantes. L'on ne sait comme l'idée naquit, mais un beau jour, aprés une rude bataille, les vainqueurs s'amusèrent à cheval avec les têtes décapitées de leurs adversaires vaincus, les prenant par les cheveux pour les mettre dans un charriot. Avec le temps, le jeu, appelé "spo-lo" (littéralement "tête seule"), se codifia, et se jouait même en temps de paix avec une vessie de yack bourrée de foin (comme de nos jours).

Deux équipes s'affrontent, composée de six cavaliers chacune, placée au début du jeu de chaque côté du terrain, d'environ cent mètres sur cinquante au minimum, devant un large panier d'osier d'un diamètre de deux mètres. La 'balle', placée au centre du terrain, doit être attrapée avec la main (donc en se baissant sur le côté du cheval, exercice trés difficile), et emmenée dans le panier adverse. Elle ne peut être transportée qu'à bout de bras le long de la cuisse. Avec la vitesse des cavaliers et la nécessité de se rapprocher pour reprendre ou faire tomber la balle, les accidents sont fréquents.

Etant donné qu'il faut posséder un cheval pour jouer, le jeu est réservé à la noblesse, et est trés apprécié, et souvent joué aprés une victoire quelconque. Officiellement, la pratique du spo-lo d'origine, avec une tête décapitée, est interdite, jugée peu respectueuse du corps du défunt par le Temple, mais les khampas et certains nobles peu scrupuleux poursuivent cette coutume guerrière.

Chapitre II : le Shagaï

Le Shagaï, ou "osselets", est le jeu le plus typique et populaire. Il se joue généralement avec des os de moutons nettoyés ou polis. Parfois, chacun des quatre côtés de l’osselet représente un animal différent - le cheval, le mouton, le yack et le bharal -, ceux-ci servant à un jeu du Shagaï aux règles stricts et complexes. Mais dans le cas général, l'objectif est de recueillir la plupart des osselets en les lançant ou en leur donnant une chiquenaude.

L'origine reste incertaine à ce jour, mais ce jeu serait probablement issue de la symbolique des ossements : une famille importante avec beaucoup d'animaux aura progressivement recueilli un grand nombre d'osselets, ainsi la possession de plusieurs osselets symbolise la prospérité de la famille.

Chapitre III : l'Ail Ger

L'Ail Ger est parfois considéré comme un jeu, parfois comme une tradition. Il se pratique avec des pierres : un petit cercle de pierres représentant la demeure familiale est constitué; d’autres pierres sont placées à l’intérieur pour représenter les meubles et les objets domestiques ; des pierres de formes et de couleurs différentes sont assemblées hors de la « maison » et représentent les troupeaux et/ou les champs de la famille. Ainsi, les enfants jouent à "jouer aux adultes". L'Ail ger a également un aspect symbolique important et le voyageur tombant sur un tel jeu se doit d’ajouter une pierre représentant un nouvel animal ou une nouvelle plante, augmentant symboliquement la taille du troupeau ou des plantations de la famille et amenant ainsi la bonne chance. Quelques groupements de pierres sont supposés exister depuis plusieurs siècles, le tracé de pierres n’étant pas laissé intact mais renouvelé par chaque passant.